Bon, allez, je vous mets un petit truc pour Halloween!^^
C'est long, m'enfin, j'espère que vous aimerez! =DAkina Bazooka
Dans
ENTRETIEN AVEC…DEUX VAMPIRES
D’après le roman d’Anne Rice
J’escaladais les marches de l’escalier quatre à quatre, sans lâcher ma mallette, avant de m’arrêter, complètement essoufflée, devant la porte de mon appartement.
Les mains sur mes genoux, je reprenais ma respiration avant de redresser lentement la tête et de fixer mon regard sur la poignée de la porte. Perplexe, je clignais plusieurs fois des paupières en constatant que cette dernière était légèrement entrouverte, alors que j’étais sûre de l’avoir fermée avant de partir à la FAC.
Cela ne signifiait qu’une chose : quelqu’un était venu ici pendant mon absence, mais bizarrement, j’avais déjà un doute quand à savoir qui…et ça m’énervait un peu, voire beaucoup.
Prudemment, j’entrais chez moi et jetais un regard sur ce qui m’entourais. Je me trouvais dans une pièce unique, qui me servait à la fois de salon, de cuisine et de chambre. Il y avait juste une autre pièce, derrière une autre porte située près de mon canapé, qui me servait de salle de bain et qui avait la dimension spacieuse d’un placard à balais, et qui contenait juste une douche et un lavabo. Le strict nécessaire, quoi.
Je vivais dans un appartement petit, mais cela me convenait, vu qu’en plus j’étais seule là dedans. Et pour une jeune comme moi, c’était mieux que rien, et puis, le loyer n’était pas trop cher…
Les lumières étaient éteintes, on n’y voyait pas très bien, alors je cherchais l’interrupteur censé se trouver sur le mur à côté de moi, en tâtonnant.
Quand enfin je le trouvais, je m’empressais d’appuyer dessus et la pièce s’illumina d’une lumière jaune pâle. En même temps, je faillis avoir une crise cardiaque sous l’effet de la peur en apercevant deux personnes, assises tranquillement devant la table où je prenais habituellement mes repas. Je ne les avais pas vu en entrant dans la pièce…
« Bon sang, mais que… ! » Fis-je, en plaquant une main sur ma poitrine, et en laissant tomber ma petite valise par terre, le tout en esquissant un mouvement de recul.
Les deux hommes se levèrent tout en me fixant d’un air impassible, comme s’ils m’attendaient depuis un moment.
Ce qui était sûrement le cas.
Reprenant mes esprits, je les apostrophais, mécontente :
« Ne vous gênez surtout pas hein ! Entrez et faites comme chez vous pendant que je ne suis pas là, je dirais rien !
-Nous sommes désolés, mais nous avons cru bon de vous attendre à l’intérieur… » Dit l’un des deux hommes, avec un sourire qui avait l’air désolé.
L’air seulement. Je crus déceler un petit air moqueur là-dessous…mais j’étais sûrement parano.
J’inspectais la pièce du regard, pour voir si rien n’avait été dérangé, puis je reportais mon attention sur les deux « intrus » et les étudiais du regard.
Mes deux visiteurs avaient une allure bien particulière, un peu flippante sur les bords : le premier abordait un air calme et tranquille, nullement impressionné par ma colère. Il avait les cheveux auburns en bataille, et des yeux marron foncés, légèrement écarlates, et indéchiffrables. Il portait une chemise, une veste, un pantalon et des chaussures entièrement noirs, qui contrastait fortement avec la pâleur de son teint, lui donnant une mine presque spectrale.
De quoi donner des frissons à n’importe qui.
Son compagnon, lui, était un plus différent : il affichait un petit sourire au coin, et je crus un instant qu’il se foutait de ma gueule. Il avait les cheveux longs, ramenés en catogan derrière sa nuque, et chose surprenante, ils étaient bleus. Bleu turquoise. Il était vêtu d’un long manteau gris foncé qui lui arrivait aux mollets, d’une chemise blanche immaculée et un peu froissée, et d’un pantalon noir, tout comme ses chaussures cirées. Sa peau aussi était diaphane.
Et en plus d’être chiquement fringués, ils étaient tous deux mortellement beaux.
De suite, après cette constatation, je sentis mon irritation fondre comme neige au soleil, tandis que je me baissais pour récupérer ma petite mallette restée au sol. Je pris ensuite un tabouret posé dans un coin, et m’avançais vers les deux hommes tout en marmonnant dans ma barbe.
« Préfère pas vous demandez comment vous avez fait pour entrer… »
Sans les regarder, et en essayant d’adopter une attitude neutre, je posais mon sac sur la table devant eux, et commençais à déballer mon matériel tout en m’asseyant sur le tabouret. Je sentis leurs yeux fixés sur moi, et malgré moi, je me mis à rougir. Je me raclais néanmoins la gorge, et leur coulait un regard par en dessous.
« Bon…déjà, je m’excuse pour mon retard, mais on est sorti un peu tard de la FAC, et en plus, j’ai été prise dans les embouteillages pour revenir jusqu’ici…
-Cela ne fait rien. Après tout, cela peut arriver à tout le monde… »susurra l’homme aux cheveux bleus en souriant de plus bel, contrairement à son compagnon qui se contenta simplement de hocher la tête, les bras croisés sur son torse.
Mon cœur se mit à battre encore plus vite, tandis que je déposais Georges-Albert, mon ordinateur, sur la table en essayant de me donner une contenance (j’aimais bien donner des noms pourris aux objets, comme ça, ça me faisait marrer).
Je restais quelques instants immobile après cela, cherchant quelque chose d’autre à faire, car je me sentais de plus en plus gênée par leur présence…envoûtante, si je puis dire. J’essayais de ne pas trop les détailler du regard, mais c’était dur…
Je me raclais une nouvelle fois la gorge et décidais de me présenter, car en réalité, nous ne nous connaissions pas très bien…
« Je suis Akina Bazooka (ndla : rigolez et j’appelle Chuck Norris pour qu’il vienne vous tuer XD), étudiante en archéologie et future romancière, du moins je l’espère…c’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai passé une annonce pour…trouver des gens comme vous, dis-je, en leur tendant la main.
-Enchanté, je me nomme Yuan Ka Fai, et voici mon ami, Kratos Aurion » fit le dénommé Yuan, en s’emparant de ma main tendue.
Je sursautais en constatant à quel point elle était glaciale. Presque malgré moi, je retirais vivement ma main de celle de Yuan, et serrais le poing contre ma poitrine, en baissant les yeux.
Yuan eut un drôle de sourire, mais ne dit rien, se contentant de se rassoire calmement sur sa chaise. Kratos l’imita, et ne bougea plus.
« Hum…je vous remercie également d’être venus m’accorder cette interview…je ne pensais pas que des gens comme vous existaient réellement à vrai dire…et puis, je sais que cela doit être un peu dur pour vous de sortir comme ça…
-Pas du tout. Il pleut dehors, c’est donc un temps idéal…et puis, nous ne pensions vraiment pas voir une telle annonce dans un journal ! Ca nous a beaucoup amusé, Kratos et moi, et c’est un peu pour cette raison que nous avions décider de vous rencontrer…avouez tout de même que vous avez publié une annonce assez comique pour le commun des mortels…on a dû se moquer de vous…me sourit Yuan, un tantinet moqueur, ce qui eut le don de m’irriter une nouvelle fois, et de me faire fondre aussi.
-Moui…je me demande encore aujourd’hui ce qui m’a pris… » murmurais-je, en finissant de préparer mes affaires, les sourcils légèrement froncés.
J’avais mis Georges-Albert à ma droite, afin de pouvoir écrire tout en regardant mes deux interlocuteurs. Je posais aussi un mégaphone au milieu de la table, afin qu’il enregistre toute notre conversation dans ses moindres détails.
Je m’installais plus confortablement sur mon siège, tout en remettant quelques mèches de cheveux derrière mes oreilles, qui retombèrent aussitôt d’ailleurs, et réajustais mes lunettes sur mon nez. J’étais prête à commencer mon interview.
« Bon, je suppose que tout est bon…on peut commencer si vous le voulez bien, déclarais-je, avec un petit sourire, en regardant tour à tour mes deux hôtes qui me faisaient face.
-Absolument. Nous vous écoutons. » assura Yuan, en croisant deux mains blanches sur la table.
Je les fixais durant quelques secondes avant de secouer la tête et reprendre mes esprits.
Je pris une profonde inspiration et je me lançais :
« Bien, comme je l’ai fait remarquer dans l’annonce, et comme je vous l’ai affirmé quand vous m’avez appelée au téléphone il y a quelques jours, je suis en train d’écrire un livre. Je n’en suis qu’au début, et pour continuer, il me faut des informations…je tiens à faire un livre traitant du fantastique, mais avec des renseignements aussi vrais que possibles, si vous voyez ce que je veux dire…enfin bref, j’ai pensé que ça serait intéressant si je posais directement des questions à des créatures dont le sujet de mon roman traitera…et je suis toujours aussi surprise de voir que vous existez réellement ! »
Yuan eut un petit rire, et Kratos se redressa légèrement sur sa chaise, l’air un peu amusé lui aussi.
« En effet, des…créatures telles que nous existent depuis la nuit des temps…bien avant que les Humains ne peuplent ce monde actuel à vrai dire… »répondit l’homme aux cheveux bleus, sans cesser de sourire.
Je me demandais sincèrement s’il ne se moquait pas de moi. Mais en même temps, il était tellement beau, que du coup j’avais du mal à lui en vouloir…
Je secouais une nouvelle fois la tête, me demandant pourquoi je pensais à ça. Okay, ils étaient tous les deux super beaux gosses, mais ce n’était pas une raison pour me laisser troubler !
D’une main un peu tremblante, je ramenais une autre mèche de cheveux derrière mon oreille, et qui retomba quelques secondes plus tard. Puis je me décidais à taper la réponse de l’homme sur mon ordi.
« Moui…si ce n’est pas trop indiscret, quel âge avez-vous ? »
Le sourire de Yuan s’agrandit, dévoila des dents blanches et éclatantes, ainsi que…
Prise d’un frisson, je me détournais quelques instants, tandis qu’une voix, celle de Kratos sans aucun doute, répondait :
« Nous avons tous les deux un peu plus de six mille ans. »
Je tournais vivement la tête vers l’homme aux cheveux bruns, les yeux grands ouverts :
« Tant que ça ? La vache, mais c’est impossible ! m’écriais-je, fort surprise.
-Nous ne sommes pas non plus censé exister, et pourtant…alors, dites-moi, qu’est ce qui est impossible ? » me demanda Yuan, en essayant de capter mon regard, ce qu’il n’eut aucun mal à faire.
Il avait de beaux yeux verts…
Je restais une nouvelle fois bête quelques secondes. Puis je tapais la réponse sur mon ordi, à la suite de la première.
« Les deux sont normalement impossibles… »déclarais-je, dans un marmonnement à peine audible, mais qu’ils parvinrent aisément à entendre.
Ils se contentèrent de sourire à ma remarque, mais je fis mine de ne rien voir.
« Ensuite…si vous avez réellement six mille ans…vous devez en avoir vécu des choses ! Dis-je, non sans une certaine ironie.
-En effet, et cela serait sans doute trop long à raconter…nous ne disposons qu’un d’un après-midi, et il nous faudrait environ plusieurs jours pour tout vous raconter…sauf si on omet les détails guère intéressants, mais encore…répliqua Yuan, sans relever mon ton légèrement narquois.
-Ho, mais ce n’est pas un problème ! Je vous tous savoir ! On peut s’organiser et se voir encore pendant quelques jours, le temps que vous…
-Malheureusement, je crains que cela ne soit impossible. Nous ne sommes que de passage en France, et nous avons l’intention de repartir d’ici un ou deux jours…m’interrompit l’homme aux cheveux bleus, en souriant d’un air navré.
-Et où comptez-vous aller ? M’enquis-je, curieuse.
-Ho et bien…nous repartons dans notre pays d’origine, le Japon…
-Le Japon ! » m’exclamais-je, les yeux brillant d’une lueur nouvelle.
J’adorais le Japon.
« Ho, j’aimerais tant y aller un jour ! assurais-je, avec passion.
-C’est un très beau pays, en effet…mais j’ai l’impression que nous égarons du sujet initial… » me rappela Yuan, sans se départir de son air paisible.
Je me sentis rougir une nouvelle fois. Maudissant mon emportement, je repris mon calme, et essayais de remettre de l’ordre dans mes pensés.
« Mais…même si votre vie est trop longue à raconter, ne pourriez-vous pas m’en faire juste un bref résumé ? Implorais-je.
-Un bref résumé…hélas, j’ai peur que cela ne soit impossible aussi…notre vie a été tellement longue que nous ne pourrions même pas vous faire un petit résumé de dix minutes… » soupira Yuan, en se renversant sur sa chaise.
J’y vis là un signe d’ennui. Je tentais une autre approche.
« Comment êtes-vous devenus…ce que vous êtes à présent ? » demandais-je, en les fixant d’un œil avide.
Cette fois, ce fut à Kratos de sourire. C’était bizarre de la voir faire cela, car à première vue, il ne me semblait pas être le genre de personne à sourire facilement…
« Bien tenté… »murmura t-il, et je sentis de nouveau le rouge me monter aux joues.
Yuan esquissa lentement un nouveau sourire, comme s’il trouvait lui aussi la question amusante.
« Je suppose que nous pouvons vous raconter un bout de cette histoire, qui n’est que le commencement de notre commencement…et du vôtre à vous les Hommes » Fit-il, d’un air songeur.
Je clignais des cils, attendant qu’il commence à raconter, prête à taper son récit sur mon ordinateur.
« C’était il y a très longtemps, en vérité…et ce que je vais vous dire risque de vous bouleverser, et remettre en question toutes vos certitudes…êtes vous prête à écouter néanmoins ? »
Je ne répondis pas tout de suite, le cœur battant la chamade.
Me bouleverser ?
Remettre en doute toutes mes certitudes ?
Ma curiosité était piquée à vif, et je mourrais d’envie de savoir.
« Oui » affirmais-je, en hochant la tête.
Les deux hommes me sourirent de nouveau, et je me rendis compte au bout de quelques secondes que je retenais mon souffle.
Yuan se pencha brusquement sur la table, et plongea son regard dans le mien. Je sentis une douce torpeur m’envahir, tandis que sa voix me parvenait, un peu lointaine :
« Très bien…détendez vous, et écoutez nous, car l’histoire est un peu longue, et demande beaucoup d’attention… »
Lentement, je hochais la tête, l’air hébété.
« En réalité, tout commence bien avant votre ère…je ne sais plus il y a combien de temps exactement, mais je pense que c’était un peu quelques centaines d’années avant, voire beaucoup plus…vos chercheurs et vos historiens pensaient qu’à cette époque, la terre n’était peuplée que d’animaux, enfin surtout de bactéries censées devenir des formes de vies terrestres ou aquatiques quelques milliers d’années plus tard. Tout ceci est faux. »
Je ne réagis pas, les yeux dans le vague. Mais je ne perdais pas une miette de son récit.
« Bien avant que des Humains, tels que vous, peuplent ce monde, il existait déjà une forme de vie évoluée…et même un peu plus évoluée que vous sur certains points…
-Comme dans le mythe de l’Atlantide, avec les Atlantes et leur technologie hors du commun… »murmurais-je, comme pour moi-même.
J’entendis Yuan pouffer de rire.
« Pas vraiment non…mais Platon s’est un peu inspiré de cela, je pense, et je me demande d’ailleurs comment il pu…enfin, peu importe, là n’est pas vraiment le sujet.
-Continuez…quémandais-je, toujours dans un murmure.
-à l’époque, cette planète que vous appelez à présent « Terre » était divisée en deux. Et la personne qui l’a coupé en deux était un homme très puissant, et très influent…il se prénommait Mithos Yggdrassill. Pour savoir pourquoi il a fait cela, il faudrait encore nous plonger dans une autre histoire, mais cela prendrait encore plus de temps et nous n’y tenons pas vraiment, bien que cela pourrait se révéler être également très intéressant…quoiqu’il en soit, Yggdrassill a séparé le monde en deux parties et les a nommé toutes deux Sylvarant et Tesséha’lla.
-Sylvarant et Tesséha’lla…répétais-je, très intéressée, malgré mon état second.
-Oui. Pendant de très nombreuses années, quatre mille ans pour être plus précis, les deux mondes sont restés tel quel, avec Yggdrassill au pouvoir. Mais un jour, huit jeunes gens se sont dressés face au tyran qu’était Mithos, et sont parvenus à le vaincre, et à réunifier les deux mondes.
-Comment ? Chuchotais-je.
-Ca aussi, ça serait trop long à expliquer. Disons, pour faire simple, qu’ils les ont simplement réunifié à l’aide d’une épée magique, un peu comme dans les contes ou dans les histoires fantastiques. Bref, après cela, s’ensuivit une courte période de paix. A peine vingt ans plus tard, il y eut une terrible catastrophe, qui ravagea le monde entier et détruisit toute trace de civilisation, ne laissant aucun indice sur ce qui avait été. Un Arbre, qui était source de tout vie sur la planète, est mort brusquement, sans qu’on n’en sache la raison. Tout le monde est mort, sauf certaines personnes qui ont miraculeusement survécues…telles que Kratos et moi.
-Un Arbre…Yggdrassill…l’Arbre Yggdrassill ! Comme dans les légendes nordiques! » M’écriais-je, en revenant brusquement à moi.
Je vis que Yuan et Kratos me fixaient, l’air un peu décontenancés.
« Oui, c’est exact, comme dans les légendes nordiques, acquiesça Kratos, en reprenant un air calme.
-Mais comment avez-vous fait pour survivre après cela et…rester en vie jusqu’à maintenant ? Demandais-je, éberluée.
-Grâce à des cristaux spéciaux.
-Des cristaux spéciaux ?
-Oui. Ils nous permettent de vivre indéfiniment, tout en gardant l’apparence que nous avions quand nous les avons mis…c’est pourquoi nous sommes parvenus à traverser les siècles sans avoir à subir les ravages du temps…mais c’est aussi à cause de cela que nous sommes devenus…
-« Ce que nous sommes », » acheva Yuan, en reprenant mes mots de tout à l’heure, d’un air moqueur.
Je le regardais avec étonnement. Tant de questions se bousculaient dans ma tête…et tellement étaient sans réponse ! De plus, je savais bien que Kratos et Yuan ne m’avaient pas tout dit…j’aurais tellement voulu en savoir plus ! Et puis, était-ce vraiment la vérité ?
-C’est…tellement…ça semble…vraiment…incroyable ! » Fut tout ce que je trouvais à dire, en passant une main dans mes cheveux, l’air complètement ahurie.
Les deux hommes ne répondirent rien, se contentant de m’étudier du regard.
Quant à moi, j’essayais désespérément de remettre de l’ordre dans ma tête, après toutes ces révélations. Devais-je y croire ?
Je m’obligeais à respirer profondément, et n’y tenant plus, je me levais de mon tabouret, afin de faire quelques pas pour me dégourdir les jambes.
J’avais du mal à tenir en place après ça.
« Et je suppose que cette terrible catastrophe a éradiqué toute vie sur terre…tout, absolument tout, comme vous l’avez dit. Et il a fallut énormément de temps avant que la vie ne s’étende de nouveau…des millions d’années…êtes-vous sûr d’avoir seulement six mille ans, si c’est vraiment le cas ? » demandais-je, en me tournant vers eux.
Je remarquais que Yuan s’était lui aussi levé de sa chaise, et était à présent appuyé contre le bord de la table, devant Kratos qui, lui, n’avait pas bougé.
Il me sourit.
« Vous êtes perspicace. En effet, il est fort probable que nous ayons plus de six mille ans…mais cela fait tellement longtemps que nous avons arrêté de compter…
-Tout ce que vous me dites est donc vraiment vrai ?
-Vous en doutiez ? »
Yuan avait dit ça dans un souffle, en entrouvrant légèrement la bouche, suffisamment pour me permettre de distinguer à nouveau…
« Arrêtez. » ordonnais-je, en fronçant les sourcils.
Mais je pu m’empêcher de frissonner de nouveau, et je m’entourais de mes bras, comme pour me protéger.
Dehors, il s’était mis à pleuvoir, et le tonnerre commençait à gronder, brisant le lourd silence qui s’était installé.
Je regardais le sol, en réfléchissant à ce qu’ils venaient de me dire. Avaient-ils le moyen de me prouver que c’était bien la vérité ?
Je relevais la tête et leur posais la question.
Yuan s’avança vers moi, et j’esquissais instinctivement un geste de recul. Il défit le col de sa chemise et me montra quelque chose incrusté à la base de son cou.
Il s’agissait d’un monture dorée, très jolie, sertie de ce qui semblait être une pierre précieuse de couleur bleue. Un saphir ?
« Non, il s’agit d’un des cristaux dont nous vous parlions plus tôt. »
Je clignais plusieurs fois des yeux, sans cesser de fixer la pierre, perplexe. Du coin de l’œil, je vis Kratos se lever à son tour et rejoindre Yuan.
« Nous en avons une tous les deux. »
Je le regardais à son tour.
« Mais cela ne veut rien dire ! Cela peut-être très bien un ornement pour faire style, comme les jeunes de nos jours avec leurs piercings, leurs tatouages…
-Avez-vous déjà vu des piercings de ce genre, mademoiselle ? s’enquit Yuan en remettant le col de sa chemise en place.
-N-non… » Dû-je avouer, penaude.
Les deux hommes eurent un sourire éloquent.
Il était vrai que c’était la première fois que je voyais quelque chose de ce genre. Mais j’avais également du mal à croire que ce cristal a priori normal puisse avoir le pouvoir de faire vivre éternellement son détenteur…c’était inimaginable ! Et puis, pour moi, ce n’était pas vraiment une preuve, aussi…
Je sentais pointer un début de migraine. J’avais l’impression que tout m’échappait.
« Nous vous avions prévenu… » rappela Yuan, d’un ton doucereux.
Je relevais vivement la tête vers lui, interdite.
« Vous…vous… » bredouillais-je.
Lisait-il dans mes pensés ?
« C’est une capacité que nous avons pu développer durant notre longue vie, en effet…c’est parfois très utile pour savoir à quoi pense une personne…savoir si elle est mal attentionnée ou pas…ou pour autre chose… » susurra Yuan, en me regardant de haut en bas, sans aucune gêne.
Je me sentis rougir pour la énième fois depuis le début de notre entrevue, sauf que là, c’était pire que les autres fois. Ils avaient entendu toutes mes pensés, et surtout celles où je disais que je les trouvais canons et tout ça…
La honte ! La grosse honte !
« Je…je… »
Je crois que je détenais une preuve un peu plus convaincante…
Je pris une profonde inspiration.
« Vous me gênez » Fis-je, en reprenant mon sang-froid et en me dirigeant vers la table où se trouvait mon ordinateur en les contournant.
Je me réinstallais sur le tabouret et commençait à taper quelques mots pour me donner une contenance.
« Vraiment ?
-Oui » soutins-je, sans quitter l’écran des yeux.
Je les entendis ricaner.
« Et puis je viens de me rendre compte que nous nous sommes un peu éloignés du sujet initial…mon roman. » Continuais-je, en m’arrêtant de taper sur le clavier pour me tourner vers eux.
Ils souriaient, et je fis mine d’ignorer l’étrange lueur qui venait de s’allumer dans leurs regards.
« Dites-moi ce que je veux savoir »
Mon ton était assuré et ma figure impassible. J’essayais également de leur bloquer mes pensées, mais je ne savais pas trop comment m’y prendre…le mieux était sans doute d’essayer de ne penser à rien…dur dur…
« Nous vous avons déjà dit beaucoup de choses…commença Kratos.
-Assez pour écrire une belle histoire…continua Yuan.
-Mais si vous voulez en savoir plus…
-Il va falloir payer un prix… »termina l’homme aux cheveux bleus, en croisant les bras sur son torse.
Je restais quelques secondes à les dévisager.
« Un prix ? Répétais-je en haussant les sourcils.
-Oui.
-Et quel est ce prix ?
-A votre avis ? Je suis sûr que vous vous en doutiez un peu… »susurra Yuan en penchant légèrement la tête sur le côté, sans me quitter du regard.
En effet, j’avais comme un petit doute…
Je frissonnais.
« Au pire, je peux toujours chercher sur Internet…c’est d’ailleurs par là que j’aurais dû commencer…marmonnais-je, en commençant à taper quelques mots sur google.
-Internet est une véritable révolution, avouons le, mais il y a tellement de choses traitant de ce sujet que vous risquez de vous y perdre…ce serait bête que vous vous embrouillez dans vos recherches et que vous publiez un roman médiocre alors que nous sommes là pour vous… » Dit une voix, tout près de mon oreille.
Je sursautais et me reculais brusquement sur le côté.
Je vis Yuan se redresser tandis que je m’appuyais contre le mur, plus loin, le cœur battant à cent kilomètre heure sous l’effet de la peur.
« C’est même pas la peine… »articulais-je en posant une main sur ma poitrine qui se soulevait précipitamment.
Ils me foutaient tous deux vraiment les jetons. Surtout lui.
Yuan haussa un sourcil, mais je vis bien qu’il était amusé.
Je me rendis alors compte que depuis le début, ces deux hommes jouaient avec moi. Ils s’amusaient à me faire peur…mais pour qu’elle raison au juste ?
« Vous perdez votre sang-froid…mais vous avez raison, le sang chaud est meilleur… » ricana l’homme aux cheveux bleus, en s’approchant à nouveau de moi.
Je kiffe l’humour.
Du coin de l’œil, je distinguais Kratos qui s’avançait vers moi, à ma droite.
J’étais prise au piège.
Mon cœur rata un battement.
Comment faire pour leur échapper ?
Je me jetais soudainement en avant, vers la table, et me glissais dessous avant de me redresser, derrière elle.
J’avais été si rapide que même Yuan et Kratos n’avaient pas réussi à me choper.
D’ordinaire, j’arrivais à peine à distancer en escargot en marche, mais il faut croire que la peur peut faire quelques petits miracles parfois…
Il y avait à présent un obstacle entre eux et moi, certes pas très grand, mais c’était vraiment mieux que rien.
« Arrêtez votre bordel, ça ne me fait pas rire ! m’écriais-je, les dents serrées, en surveillant leurs moindres faits et gestes.
-Ca serait beaucoup plus facile, aussi bien pour toi que pour nous, si tu te laissais faire…Conseilla Yuan en s’avançant vers la table, suivi de près par Kratos.
-Pardon ?! Mais arrêtez de me prendre pour une conne ! » Hurlais-je, en colère.
Un sortie, une sortie, il me fallait une sortie…mais il n’y en avait pas !
La porte d’entrée se trouvait hors de ma trajectoire, près de Kratos et Yuan, et la salle de bain et l’unique fenêtre de l’appart’, qui donnait sur un balcon, se trouvaient derrière eux.
J’étais coincée.
Sauf si je tentais un truc de malade, mais il y avait une chance sur je sais pas combien pour que ça ne marche pas.
Et si ça ne marchait pas, j’étais foutue, puisque je tomberais directement dans leurs bras.
Mais bon, je priais pour que ça fonctionne quand même…
Les deux hommes continuaient de s’approcher de moi, chacun prenant un côté de la table pour me coincer en m’encerclant.
J’attendis qu’ils s’approchent encore un peu avant de tenter mon idée de tarée.
D’un bond, je sautais sur la table, et sans m’arrêter une seule seconde, je bondis de l’autre côté du meuble pour me précipiter vers la sortie de chez moi.
Mon cœur battait la chamade et mes yeux étaient écarquillés par la terreur.
Je devais m’en sortir…je n’avais que vingt-deux ans…et il y avait mes études, ma famille, mes amis…
Alors que j’étais sur le point d’atteindre la porte d’entrée, je buttais contre quelque chose au sol, je ne savais plus quoi, et m’affalais lourdement par terre, dans une exclamation étouffée.
Dans ma chute, je me cognais le menton.
Mes dents s’entrechoquèrent.
Je voyais trente-six chandelles mais je me forçais à me relever pour partir d’ici le plus loin possible. Vite.
Malheureusement pour moi, sur ce coup-ci, je ne fus pas assez rapide.
Deux mains s’emparèrent brusquement de moi, me forçant à me relever.
Désespérée, je fus obligée de faire face à Yuan.
« Tu es une proie assez résistante, mais c’est ce que nous aimons…nous n’avons pas souvent l’occasion de chasser une personne à la fois naïve et pourtant pas trop bête…
-Merci du compliment, ça fait toujours plaisir… »déglutis-je, en essayant en même temps de me défaire de l’étreinte de Kratos qui me retenais.
L’homme aux cheveux bleus se pencha vers moi et je rentrais la tête dans les épaules, en grimaçant.
« Ne réagis pas comme ça. Dis toi que nous voulons juste t’aider…pour ton roman, sourit-il en passant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.
-C’est une…aide…dont je me serais volontiers passée, merci…et puis, je doute de pouvoir écrire quoique ce soit une fois vidée de mon sang et complètement morte…»répliquais-je sans cesser de me débattre, morte de trouille.
Il ricana.
« Qui te dis que nous voulons te tuer ?
-Ca me semble évident, non ? répondis-je, en sentant malgré moi des larmes me monter aux yeux.
-Pas forcément. »
Il posa ses mains sur mes épaules et chercha mon regard.
« Ca ne durera pas longtemps. Après cela, je suis persuadé que tu seras fortement inspirée pour ton histoire…
- Allez vous faire foutre ! Vous m’avez raconté des bobards ! Accusais-je, d’une voix tremblante, tandis qu’il rapprochait dangereusement son visage du mien.
-Peut-être que oui, peut-être que non. Je pense que nous t’avons déjà montré une preuve…mais après tout, libre à toi de croire ce que tu veux. »
Je cherchais vainement à me reculer.
Kratos avait une étreinte d’acier et je ne parvenais plus du tout à bouger à présent.
Autant se l’avouer, j’étais vraiment foutue cette fois-ci.
Depuis le début, j’aurais dû me méfier…Yuan avait raison sur ce coup là : j’étais vraiment trop naïve, et voilà où ça m’avait menée.
J’étais la reine des connes, et ça, personne ne pouvait le nier.
Les mains froides de Yuan s’emparèrent de mon visage le relevant doucement.
Je pouvais sentir son souffle sur ma peau.
Cette promiscuité me mettait fortement mal à l’aise. Je n’étais pas habituée à ce que m’on m’approche de si près. Ni même que l’on me touche.
Je détestais les contacts physiques.
Mais là, je n’avais pas d’autre choix que de supporter. J’étais prise au piège.
J’avais une envie de vomir.
Ses mains tenaient toujours mon visage, et le caressaient parfois, m’arrachant des frissons.
Comme anticipant ce qui allait se passer, je fermais les yeux.
L’instant d’après, je sentis quelque chose de doux et de froid sur mes lèvres.
Des larmes se mirent à couler sur mes joues, tandis qu’il continuait de m’embrasser.
(Ndla : HIIIIIIIIIIIIIIIII !!! <3)
Je le laissais faire, impuissante.
Mais en même temps, j’étais forcée d’avouer que ce n’était pas trop désagréable…
Il rompit doucement le baiser, me permettant de reprendre mon souffle. Ses mains redescendirent vers mes épaules, les empoignant solidement.
« Dis le » Dit-il, en me regardant.
Quoi ?
« Dis le que tu m’aimes »
Mes larmes coulaient de plus en plus.
Mon cœur battait douloureusement dans ma poitrine.
Je baissais la tête et bafouillais, d’une voix tremblante :
« Je…je…non…je…»
Ses mains broyaient mes épaules. Il me faisait mal.
« Dis-le ! »
Je me mordis l a lèvre inférieure. Puis, finalement, j’avouais, dans un murmure à peine audible :
« Je…je…t’aime »
J’étais définitivement vaincue.
Je n’étais pas de taille à leur résister longtemps.
C’était dur à avouer, mais c’était comme ça.
On ne peut pas toujours être fort.
Nous ne sommes pas dans un roman, il n’y a que les héros au cœur vaillant qui sont toujours forts et courageux, peu importe la situation dans laquelle ils se trouvent.
Je ne suis pas une héroïne.
Je suis moi, et c’est tout.
Juste moi.
Yuan me serra gentiment contre lui.
Gentiment.
D’une main, il pencha légèrement ma tête sur le côté, dégageant au passage quelques fines mèches de cheveux. Je me mis à trembler.
Il passa son autre bras autour de ma taille, me pressant un peu plus contre son torse pour m’empêcher de fuir.
Je perçus un mouvement derrière moi et devenais que Kratos s’éloignait un peu plus loin. Seul Yuan me retenait à présent, et il n’avait pas d’effort à fournir pour cela, maintenant…
« Ne t’inquiète pas Kratos, je t’en laisserai un peu…fit la voix de Yuan.
-Non, c’est inutile, répondit son ami.
-Comme tu veux. »
L’instant d’après, je sentis deux crocs pointus s’enfoncer dans la chair de mon cou, perçant ma jugulaire et m’arrachant un cri de douleur au passage.
Il commença à boire. Je le sentais qui aspirait mon sang…
Je me débattis de nouveau, dans un réflexe de survie.
Je suffoquais.
Mais je me sentais faiblir petit à petit.
Bientôt, mes jambes furent incapable de me soutenir, et je serais probablement tombée si les bras de Yuan n’avaient pas été là pour me retenir.
Je regardais le plafond par-dessus son épaule, tandis qu’il s’agenouillait au sol, avec moi toujours dans ses bras. Tout devenait flou, et des petits points noirs dansaient devant mes yeux.
J’avais sommeil.
Un voile noir se posa sur moi, tout doucement…
Lorsque je revins à moi, une forte migraine m’assaillit et je me demandais avec ahurissement où est-ce que j’étais.
Je me redressais sur les coudes en grimaçant et m’aperçut que j’étais allongée sur mon lit, dans un coin de la pièce.
Je me frottais la tête, les paupières à demi closes. J’avais du mal à capter ce qui m’entourait.
J’attendis que la douleur à mon crâne se dissipe un peu et je me mis debout.
Je retombais immédiatement sur le lit.
J’avais les jambes complètement flasques.
Et en plus, je voyais trouble.
J’attendis encore quelques instants, le temps de recouvrer tous mes esprits.
J’en profitais pour regarder tout autour de moi, en me massant la nuque, les sourcils douloureusement froncés.
Tout semblait être en ordre dans la pièce.
J’aperçus Georges-Albert, mon PC adoré, ouvert sur la table à déjeuner.
Il me fallut un petit moment encore, avant de me souvenir des derniers événements de l’après midi.
Je me redressais brusquement, le cœur faisant de grands bonds dans ma poitrine.
Ma main caressa le côté droit de mon cou.
Et cette fois-ci, mon cœur faillit faire une crise cardiaque.
A l’endroit où ma main était posée, non seulement c’était douloureux, mais en plus, je pouvais sentir deux petites plaies, recouverte de sang séché…
Je n’avais pas halluciné.
Tout ceci c’était réellement passé.
Je poussais en profond soupir, les yeux fermés et la bouche tremblante, avant de me lever et de tituber jusqu’à mon ordinateur. Je m’assis sur le tabouret, sans retirer la main de mon cou.
Je consultais mes notes, et fut surprise de découvrir ma page word, que j’avais ouverte un peu plus tôt, recouverte de pleins de mots, que je ne me souvenais pas du tout avoir marqués. Et mon mégaphone semblait s’être volatilisé.
Je soupçonnais fortement Yuan et Kratos d’y être pour quelque chose…
D’ailleurs, si un jour je les revoyais ces deux là, ils passeront un très mauvais quart d’heure, je pouvais le garantir…
Car plus je pensais à ce qui s’était produit, et plus je sentais la colère monter en moi.
Je m’étais faite avoir comme une bleue ! Comment avais-je pu être aussi stupide ?!
Ca me donnait vraiment envie de me taper la tête contre un mur.
J’enfuis la tête dans mes bras en poussant un nouveau soupir à fendre l’âme, les poings serrés.
Je n’avais pas envie de retourner en cours.
Pas maintenant.
Je me sentais malade et fatiguée.
Je prendrais quelques jours de repos.
Il y aurait bien quelqu’un, à la FAC, qui me refilerais les cours que j’avais manqué…
Et en ce qui concernait mon roman, j’attendrais quelques temps également avant de m’y remettre.
Je relevais la tête et mon regard se fixa sur le calendrier de l’année, accroché au mur en face de moi.
Nous étions le dernier jour du mois.
Le 31 octobre.
Joyeux Halloween tout le monde.
FIN